Le point sur les aliments ultra-transformés

Qu’ont en commun la soupe en sachet, les frites congelées et le pain tranché du commerce ? Tous ces aliments sont ultra-transformés et ils prennent de plus en plus de place dans nos environnements alimentaires.  

Première étape : les reconnaître

Tout d’abord, ça vaut le coup de bien comprendre les différents degrés de transformation alimentaire. La classification NOVA, conçue par un groupe d’experts de la nutrition en 2016, permet d’évaluer et de catégoriser les aliments en quatre groupes :

  1. Aliments peu ou non transformés (fruits et légumes, légumineuses, viande, poisson, fruits de mer, farine entière, etc.)
  2. Ingrédients culinaires (sel, sucre, gras, huile, etc.) 
  3. Aliments transformés (pain maison ou boulangerie, fromage, sauce tomate, yogourt nature, etc.) 
  4. Aliments ultra-transformés (pain tranché du commerce, soupe et sauce en sachet, desserts du commerce, friandises, boissons sucrées, etc.)

En bref, un aliment ultra-transformé comprend des ingrédients du groupe 2 (sel, sucre, gras), et divers additifs (agents de conservation, arômes, édulcorants, colorants, etc.) pour améliorer sa qualité sensorielle, sa durée de conservation et faciliter son entreposage. 

Aussi, ces aliments sont habituellement très abordables, faciles à consommer et donc, très attrayants pour les consommateurs de tout âge. Si bien qu’ils représentaient le tiers du volume d’achat du panier d’épicerie des Québécois en 2015-2016, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec.

Deuxième étape : déjouer le marketing alimentaire

En plus d’être économique et pratique, les stratégies de marketing alimentaire utilisées pour vendre ces produits sont très créatives et féroces ! Qui ne connaît pas Tony le tigre ou Sam le toucan sur les boîtes des céréales ? Ces personnages ludiques sont utilisés par leurs fabricants pour fidéliser la clientèle dès le plus jeune âge, et par conséquent, assurer de généreux profits à long terme.

Par mesure de prévention, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a émis en 2010 des recommandations de mise en garde contre le marketing de ces aliments fait aux enfants. En réponse à cela, certains pays sont passés à l’action. Par exemple, en 2016, le Chili a banni l’utilisation de personnages, de jouets, de publicités qui s’adressent aux jeunes de moins de 14 ans et qui font la promotion de nourriture ayant une faible valeur nutritive.

Pendant ce temps, l’industrie alimentaire fait de plus en plus de partenariats rémunérés avec des personnalités publiques et des influenceurs pour continuer de promouvoir ces produits. La problématique de ce marketing d’influence est que le produit est associé à la popularité, la beauté, au succès ou à la performance de la célébrité, ce qui encourage une fausse croyance à propos des réels impacts des produits alimentaires en question.                

Troisième étape : prendre conscience de leurs effets néfastes

En effet, l’impact d’une surconsommation d’aliments ultra-transformés sur la santé est non négligeable. Selon une revue de littérature scientifique (ça, c’est l’analyse des résultats de plusieurs études sur un même sujet) publiée en 2020, une alimentation riche en aliments ultra-transformés est associée à de nombreux effets néfastes sur la santé, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires. Ces résultats s’expliquent entre autres par leur faible qualité nutritionnelle. Certes, ils sont bien souvent plus riches en sucre, en sodium et en gras saturés et ils contiennent moins de fibres, de protéines, de vitamines et de minéraux que les aliments peu ou non transformés. 

S’ajoute à cela, l’impact environnemental de tels aliments. Dans la mêlée des conséquences, prenons par exemple les principaux ingrédients de ces produits, dont la plupart proviennent de grandes monocultures (soya, maïs, blé, canne et betterave à sucre, huile de palme). En effet, pour permettre de telles productions massives, la déforestation génère non seulement une importante quantité de gaz à effet de serre (GES), mais nuit également à la biodiversité environnante. Puis, ce type d’agriculture demande habituellement l’utilisation de pesticides, d’herbicides et de fertilisants qui contribuent à la dégradation des sols et des cours d’eau.

Le but : faire de son mieux

Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Devrait-on éliminer ces aliments de nos vies ? Comme dans toutes choses, ce n’est jamais très efficace à long terme d’aller dans les extrêmes. Être bien informé, c’est une chose. Après, c’est à toi de déterminer ce que tu souhaites apporter comme changement en fonction de tes valeurs, ta réalité et ton budget. Bien sûr, il peut être pertinent d’essayer de repérer les aliments ultra-transformés à l’épicerie et choisir des options plus intéressantes d’un point de vue nutritionnel et environnemental. Mais, faire de son mieux ne veut pas dire viser la perfection. On doit respecter nos limites et celles des autres dans ce processus de transition. Voilà une façon bienveillante d’approcher l’alimentation, et surtout, de faire en sorte que ces changements soient beaucoup plus durables dans le temps. 

 

Par Mylène Limoges, stagiaire en nutrition, supervisée par Catherine Lefebvre, nutritionniste.

 

Références : 

  1. Classification NOVA pour la transformation des aliments. https://fr.openfoodfacts.org/nova
  2. L’achat d’aliments ultra-transformés en supermarchés et magasins à grande surface au Québec. https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2487_achat_aliments_ultra_transformes.pdf
  3. Evaluating the impact of Chile’s marketing regulation of unhealthy foods and beverages: preschool and adolescent children’s changes in exposure to food advertising on television. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7060093/
  4. Ultra-Processed Foods and Health Outcomes: A Narrative Review. https://www.mdpi.com/2072-6643/12/7/1955
  5. Ultra-Processed Foods and Food System Sustainability: What are the Links? https://www.mdpi.com/2071-1050/12/15/6280/htm