Nouveau Guide alimentaire canadien: parlons-en!
Le guide de 2007, un peu désuet?
La majorité des gens est familière avec le Guide alimentaire canadien (GAC). Non seulement celui-ci fait pas mal jaser ces temps-ci, mais on l’a tous déjà aperçu à l’école ou bien dans la salle d’attente à la clinique de notre quartier. Malgré le fait que presque personne ne soit capable de déterminer avec certitude le nombre de portions de chaque groupe d’aliments recommandé par le guide, tout le monde semble avoir une opinion sur celui-ci. Aujourd’hui, avec les nouvelles entourant la refonte du guide alimentaire, nous avons pensé qu’il serait approprié de faire un retour sur ce fameux nouveau guide.
Pour faire simple, il s’agit d’un outil approprié dans certaines situations. Par exemple, il est utile pour l’élaboration de menus dans les services de santé et les écoles; cependant, il comporte d’importantes lacunes, lesquelles seront mises en lumière dans cet article.
Premièrement, en réduisant l’alimentation saine à un nombre de portions de certains nutriments, on marginalise l’importance d’une alimentation variée et de la qualité des aliments. Lorsqu’on exprime l’alimentation saine comme une formule mathématique, on fait fi de tout l’aspect humain qui l’entoure. En adoptant une alimentation variée, on conserve le plaisir de manger et on développe une relation plus saine avec sa propre alimentation.
D’autre part, certains ont également soulevé le risque de biais dans les recommandations en lien avec l’influence de l’industrie alimentaire. Il s’agit d’un lobby puissant au Canada, dont l’influence se fait certainement sentir lorsqu’il est question de politique alimentaire. Non seulement de nombreux politiciens lui sont redevables, mais ceux-ci financent également une grande partie de la recherche fondamentale en nutrition au pays. Dans un monde idéal, tous les chercheurs auraient accès à du financement entièrement indépendant d’influences extérieures. Or, il faut dans les faits souvent conjuguer avec une réalité autre. Pour remédier à cet apparent conflit d’intérêts, il semblerait que le prochain guide alimentaire ait été élaboré sans la présence de membres du lobby alimentaire.
La grande annonce!
Le nouveau Guide alimentaire canadien est officiellement accessible au public, et évidemment, il fait jaser! Au cours d’une conférence de presse tenue le 22 janvier 2019 à 9 h 30 dans les locaux du Marché Jean-Talon à Montréal, les nutritionnistes, autres professionnels de la santé et journalistes concernés par cette nouvelle se sont rassemblés. Mme Paule Bernier, présidente de l’Ordre Professionnel des Diététistes du Québec (OPDQ pour les intimes!) était maître de cérémonie lors de cet évènement historique dans le monde de la nutrition. L’honorable Ginette C. Petitpas Taylor, ministre de la Santé ainsi que la directrice générale des Diététistes du Canada, madame Nathalie Savoie, étaient également de la partie.
La petite histoire du Guide alimentaire canadien
Vous le savez sûrement, ce document aux couleurs de l’arc-en-ciel ne date pas d’hier. Manger de façon saine est une préoccupation vécue par bon nombre de civilisations au cours des dernières décennies, notamment dans la médecine ancestrale chinoise. En fait, la première version a été réalisée en juillet 1942, c’est-à-dire il y a 76 ans.
Dernière révision du Guide alimentaire – version 2007:
Les principaux objectifs de ce guide consistaient à choisir des aliments qui:
- Améliorent la santé
- Répondent aux besoins en éléments nutritifs
- Réduisent le risque de maladies chroniques (à long terme) découlant de la nutrition
Vous devez savoir que ce document a été créé de façon à regrouper des recommandations générales qui pourront être utilisées pour créer les menus des différents établissements de santé (ex: hôpitaux, centres jeunesse, résidences, garderies, écoles …).
Remise en question – 2012 à 2015:
Tel que mentionné plus tôt, le GAC de 2007 avait besoin d’une mise à jour et certaines lacunes ont été notées. Deux points se sont distingués des autres. Premièrement, la pertinence d’encourager les gens à remplacer les gras saturés par des gras insaturés afin de réduire le risque de souffrir de maladies du cœur. Deuxièmement, l’augmentation de la prévalence d’obésité en lien avec la consommation d’une grande quantité de breuvages sucrés.
Discussions dans des groupes ou forums (2017):
Au cours de l’année 2017, plusieurs discussions ont eu lieu en personne, mais également sur des forums de groupe sur le web. À ce moment, les citoyens, les professionnels de la santé, les organisations non gouvernementales et dédiées à la formation universitaire ainsi que les associations professionnelles étaient impliquées. Les membres de l’industrie pouvaient aussi mentionner leurs inquiétudes à ce moment, mais ils n’avaient pas le contrôle sur les décisions prises officiellement.
Les points qui ont été relevés le plus fréquemment étaient en lien avec le contexte des repas (en famille ou entre amis, dès que possible), la planification et la préparation de collations et repas sains ainsi que la diversité culturelle.
Trois principales conclusions:
#1: Variété d’aliments et de boissons nutritifs (ex: fruits, légumes, protéines végétales, grains entiers, lipides insaturés, eau) est le fondement de la saine alimentation.
# 2 : Aliments et boissons transformés ou préparés riches en sodium, sucres ou lipides saturés nuisent à une saine alimentation.
#3 : Connaissances et compétences sont nécessaires pour naviguer dans un environnement alimentaire complexe (ex: épicerie, restaurants) et favoriser une saine alimentation.
Remise de la partie 1 du nouveau guide alimentaire canadien (2018)
Cette première section remise au cours de 2018 était adressée aux professionnels de la santé. En d’autres mots, il s’agissait d’un guide en version longue permettant de tirer certains messages clés généraux. Les lignes directrices officielles et recommandations ne sont pas encore claires pour le grand public à ce moment.
Remise de la partie 2 du nouveau Guide alimentaire canadien (22 janvier 2019):
C’est maintenant officiel, la nouvelle version du GAC est disponible au grand public. Il est coloré, simplifié et basé principalement sur la consommation d’aliments peu transformés, frais et d’origine végétale. On aime!
En plus de ce document résumé, plusieurs autres initiatives en matière de saine alimentation seront mises en place au cours des prochains mois afin d’optimiser le comportement alimentaire des citoyens canadiens:
- Étiquetage sur le devant de l’emballage permettant aux gens de faire de meilleurs choix
- Élimination des gras trans industriels
- Réduction du sodium ajouté aux aliments lors de la transformation
- Restrictions supplémentaires au sujet des publicités destinées aux enfants.
Ailleurs dans le monde?
Parmi les exemples intéressants de ressources visant à améliorer l’alimentation d’une population se trouve le Guide Alimentaire Brésilien. La dernière version du document a été publiée par le Ministère du Brésil en 2015 et elle comprend une tonne de belles images, des inspirations de recettes et des astuces pratiques pour la vie de tous les jours. Les différents chapitres abordent des aspects tels que les principes d’une alimentation saine, les lignes directrices pour mieux choisir les aliments que l’on consomme, les techniques culinaires ainsi que leurs effets sur la valeur nutritive de nos repas ou les différents types d’alimentation. En plus de tout ça, vous pourrez y trouver des recommandations qui vous permettront de comprendre et de surmonter les obstacles rencontrés sur votre chemin en matière d’alimentation.
Les principaux conseils se trouvant dans cette ressource sont basés sur les objectifs suivants:
- ↓ Aliments transformés
- ↑ Cuisine à la maison
- ↑ Plaisir de manger
Le concept qui revient le plus souvent au travers du guide est la notion de plaisir. Pour les Brésiliens, manger santé c’est opter pour une alimentation variée sans restriction ni culpabilité.
Ce qu’il faut retenir!
- Avoir du plaisir en tout temps
- Adapter l’alimentation selon:
- Âge et sexe
- Préférences/personnalité
- État de santé
- ….
- Ne pas se mettre de pression d’atteindre la perfection
Autres références intéressantes
Quoi de mieux que de prendre connaissance de l’avis de ses nutritionnistes préférés et de ressources fiables pour bâtir sa propre opinion sur la question? Voici quelques-unes des pages qui méritent d’être consultées si vous avez envie de pousser vos recherches un peu plus loin:
- Fini le lait dans le nouveau Guide alimentaire? Pas vraiment, non. – par Bernard Lavallée, M.Sc., Dt.P.
- Guide alimentaire en fin de vie utile: on fait quoi en attendant le nouveau? – par Annie Ferland, nutritionniste et docteure en pharmacie pour Science & Fourchette
- Le futur Guide alimentaire canadien inquiète les producteurs laitiers – par Radio Canada, reportage de Guylaine Charette (entrevue avec Catherine Lefebvre, Dt.P.)
- Les produits laitiers écartés du nouveau Guide alimentaire canadien – par NVL sur Noovo (mon entrevue à partir de 2 minutes)
- Débat sur le nouveau Guide alimentaire et la disparition de la catégorie des produits laitiers – par Le Téléjournal avec Patrice Roy (entrevue avec la nutritionniste Catherine Lefebvre et Martin Juneau, directeur de la prévention à l’Institut de cardiologie de Montréal)
Cet article a été rédigé en collaboration avec Cynthia Marcotte!